Véhicules connectés et collecte de données personnelles

voiture tableau de bord

Comme de plus en plus d’objets connectés, nos voitures et les véhicules en général deviennent eux aussi très connectés. Qui dit connexion dit aussi collecte de données personnelles, et même très personnelles… Comme toujours en ce qui concerne nos données, l’enjeu est important que ce soit du point de vue de notre vie privée que de notre sécurité. Ces données concernent nos déplacements, nos habitudes, notre façon de conduire etc. Une véritable manne financière pour de nombreuses organisations.

Le média associatif The Markup a récemment publié un article extrêmement intéressant sur les acteurs de cette collecte de données.

Une prise de conscience bien faible

Sans surprise, le média se fait écho d’une étude publiée récemment au canada qui souligne le fait que seulement 28 % des conducteurs ont une idée des données collectées par leur véhicule. Le pourcentage n’est pas si ridicule, mais, de notre point de vue, très peu en connaissent la nature exacte, la quantité et surtout les entreprises qui les collectent.

Pas moins de 37 entreprises

The Markup a donc identifié pas moins de 37 sociétés dont les noms ne nous sont pas toujours complètement inconnus. Il s’agit principalement d’opérateurs mobiles, de sociétés d’assurance, de sociétés de guidage routier et d’autres sociétés spécialisées dans la revente de données à différents types d’acteurs, étatiques ou privés.

On notera que la majorité de ces sociétés n’ont pas souhaité répondre aux questions des journalistes.

Un marché très prometteur et en expansion

D’après une étude de la société Capgemini citée par l’article, le marché est extrêmement prometteur. D’ici 2030, ce marché pourrait représenter entre 80 et 800 milliards de dollars.

Comme tous les objets connectés, smartphone, télévision, enceinte etc. il est à craindre que le véritable « business » ne devienne la donnée en tant que telle, plutôt que l’objet. Vous pouvez vous reporter au cas de la société Vizio, fabricante de TV connectée, qui réalise une part importante de son chiffre d’affaire grâce aux données récoltées.

Comment cette collecte s’opère?

Très simplement. Le conducteur monte dans sa voiture et immédiatement des quantités de capteurs collectent les données : température, musique, vitesse, freinage, passager etc.

Un autre article faisait état d’environ 1Go de données collectées chaque jour, ce qui est énorme comparé aux smartphones qui en collectent déjà énormément.

Le média The Markup distingue 6 catégories d’acteurs qui collectent des données :

Les fabricants de voitures pour la maintenance entre autres, les « hubs » ou centre de données dans les véhicules, les services tiers fournis dans les véhicules, les sociétés d’assurance, les opérateurs télécoms, les collecteurs de données pour les fabricants.

Finalement, le fabricant en tant que tel n’est qu’un petit acteur de la collecte de données parmi de nombreux autres. Et bien que chaque fabricant collecte des données à sa façon, il existe des sociétés tierces dont le modèle est la collecte de données et la centralisation de ses données à des fins de revente : cartographie, localisation, assurance, urbanisme etc.

Et les GAFAM ne semblent jamais très loin puisque Microsoft finance par exemple la société Wejo, fondée en 2014, spécialisée dans ce type de collecte de données, et qui représenterait 1 véhicule sur 28 aux USA.

Mais les données sont anonymisées, non?

Les sociétés qui collectent ses données parlent de traitements anonymes et d’agrégations des données. Néanmoins, on peut rejoindre l’avis de The Markup qui souligne l’aspect très sensible de ces données et donc le fait qu’il est très difficile d’anonymiser des données de localisation par exemple.

Plus étonnant, l’article donne l’exemple d’une société « High mobility » qui traite 57 catégories de données dont le rythme cardiaque et la fatigue… vous n’aurez plus de secret pour elle…

Un des responsables de l’Electronic Frontier Foundation fait justement remarquer qu’il devient probable de créer une empreinte numérique unique à partir de toutes les données collectées. L’anonymat devient impossible dès lors que toutes ces données peuvent être liées.

Une absence de contrôle

Il semblerait que ce marché souffre d’un manque cruel de contrôle des données collectées. Bien les législations en vigueur, telles que le RGPD, doivent s’appliquer, ce n’est clairement pas le cas aujourd’hui. Les véhicules ne donnent pas les possibilités suffisantes pour contrôler cette collecte de données.

Néanmoins, il semblerait que les choses aillent plutôt dans le bon sens puisque Porsche a annoncé que son nouveau SUV « Taycan » offrirait toutes les possibilités de contrôle sur les collectes de données du véhicule.

Alors… tous en Porsche ?

Source : The Markup

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